Jōji Yuasa réalise trois années d’études de médecine avant de s’intéresser à la musique et d’apprendre la composition, essentiellement en autodidacte. De 1951 à 1957, il intègre le collectif artistique interdisciplinaire Jikken Kōbō (« Atelier expérimental »), auquel appartient Tōru Takemitsu, où il est encouragé à expérimenter, notamment avec le multimédia. Ses premières compositions sont de musique concrète, avant de se tourner, dix ans plus tard vers la musique électronique.

Projection Esemplastic, composée en 1964 dans les studios de la NHK, marque une déviation de l’approche occidentale de la musique électronique. Jōji Yuasa choisit de travailler le bruit blanc avec une approche sculpturale et, de ce son contenant toutes les fréquences, extrait des éléments afin de construire un arc sonore continu — procédé que l’on retrouve vingt ans plus tard dans Nine Levels by Ze-Ami, composée en résidence à l’IRCAM. La question du mouvement sonore, notamment au sein de l’espace virtuel permis par l’électroacoustique, traverse également son œuvre, comme dans Eye on Genesis, composée grâce à l’UPIC de Iannis Xenakis et où Jōji Yuasa théorise le « mouvement sonore libre ».

De son expérience avec la musique concrète, il tire un intérêt pour la notation graphique des œuvres, poussé par son besoin de produire une partition d’accompagnement à ses pièces pour bande. La partition de sa pièce ICON (1967), composée pour l’exposition universelle d’Osaka en 1970, en est un exemple important. Jōji Yuasa a aussi composé plusieurs bandes-son pour le cinéma, notamment pour des courts-métrages et des documentaires.

Outre la composition, il se consacre à l’enseignement au Japon et à l’étranger. Il est professeur invité à partir de 1981 au Conservatoire de musique de Tokyo et, dix ans plus tard, professeur à l’Université de Nihon. Entre 1981 et 1994, il est également enseignant-chercheur à l’Université de Californie à San Diego et en 1988, intègre la faculté des Cours d’été de Darmstadt.

Comme ses confrères Tōru Takemitsu, Toshi Ichiyanagi et Yoritsune Matsudaïra, avec qui il partage une appartenance au groupe de compositeurs japonais « transonic », Jōji Yuasa fait partie des personnalités qui ont joué un rôle crucial dans le développement de la musique électroacoustique au Japon dans les années 1950. Intéressé par la « cosmologie du compositeur », Jōji Yuasa s’interroge sur la façon dont la tradition japonaise dans laquelle il a été éduqué informe sa pratique de la composition. Ses pièces, qui tirent leur construction de concepts issus de la philosophie bouddhiste, recourent souvent à des instruments traditionnels et s’appuient sur des textes japonais importants : les haïkus du poète Bashō ou les écrits du dramaturge et théoricien du nô, Ze-Ami.

Jōji Yuasa a également été un membre actif de l’International Society for Contemporary Music (ISCM) pendant près de cinquante ans. Une douzaine de ses pièces sont jouées aux différents festivals de l’ISCM pendant cette période. Il est également joué au Festival d’automne de Varsovie, au festival Ultima d’Oslo et à la Biennale de Venise. En 2010, il est élu, en même temps que Milton Babbitt, membre honoraire de l’ISCM.

Prix et récompenses

• Prix de l’Académie des arts du Japon, 1999 ;
• Prix impérial, 1999 ;
• Médaille au ruban pourpre du gouvernement japonais, 1997 ;
• Prix Suntory de musique, 1996 ;
• Grand Prix de musique de Kyoto, 1995 ;
• Grand Prix du festival des arts du Japon, 1973, 1983 ;
• Prix Otaka, 1972, 1988, 1997, 2003 ;
• Lion d’or de San Marco, 1967 ;
• Prix Italia, 1966, 1967 ;
• Prix spécial du jury du festival du film de Berlin, 1961.

© Ircam-Centre Pompidou, 1999

sources

ISCM, Computer Music Journal, Schott



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