I. Action de grâcesLe ciel,Et l'eau qui suit les variations des nuages,Et la terre, et les montagnes qui attendent toujours, Et la lumière qui transforme.Et un oeil près de mon oeil, une pensée près de ma pensée,Et un visage qui sourit et pleure avec le mien,Et deux pieds derrière mes piedsComme la vague à la vague est unie Et une âme,Invisible, pleine d'amour et d'immortalité,Et un vêtement de chair et d'os qui germera pour la résurrection,Et la Vérité, et l'Esprit, et la grâce avec son héritage de lumière.Tout cela, vous me l'avez donné.Et vous vous êtes encore donné vous-même,Dans l'obéissance et dans le sang de votre Croix,Et dans un Pain plus doux que la fraîcheur des étoiles. Mon Dieu.Alléluia, Alléluia, Alléluia.
Il PaysageLe lac comme un gros bijou bleu.La route pleine de chagrins et de fondrières,Mes pieds qui hésitent dans la poussière,Le lac comme un gros bijou bleu.Et la voilà, verte et bleue comme le paysage !Entre le blé et le soleil je vois son visage :Elle sourit, la main sur les yeux. Le lac comme un gros bijou bleu.
Ill. La maisonCette maison nous allons la quitter : Je la vois dans ton oeil.Nous quitterons nos corps aussi : Je les vois dans ton oeil.Toutes ces images de douleur qui s'impriment dans ton oeil,Ton oeil ne les retrouvera plus :Quand nous contemplerons la Vérité,Dans des corps purs, jeunes, éternellement lumineux.
IV Epouvante Ha ! Ho !N'enfouis pas tes souvenirs dans la terre, tu ne les retrouverais plus. Ne tire pas, ne froisse pas, ne déchire pas.
Des lambeaux sanglants te suivraient dans les ténèbresComme une vomissure triangulaire,Et le choc bruyant des anneaux sur la portée irréparable Rythmerait ton désespoir Pour rassasier les puissances du feu. Ha ! Ho ! ha !
V L'épouseVa où l'esprit te mène,Nul ne peut séparer ce que Dieu a uni,Va où l'esprit te mène,L'épouse est le prolongement de l'époux,Va où l'esprit te mène,Comme l'Eglise est le prolongement,Comme l'Eglise est le prolongement du Christ.
VI. Ta voixFenêtre pleine d'après-midi,Qui s'ouvre sur l'après-midi,Et sur ta voix fraîche(Oiseau de printemps qui s'éveille).Si elle s'ouvrait sur l'éternitéJe te verrais plus belle encore.Tu es la servante du Fils,Et le Père t'aimerait pour cela.Sa lumière sans fin tomberait sur tes épaules,Sa marque sur ton front.Tu compléterais le nombre des anges incorporels. A la gloire de la Trinité sainteUn toujours de bonheur élèverait ta voix fraîche (Oiseau de printemps qui s'éveille) : Tu chanterais.
Vll. Les deux guerriersDe deux nous voici un. En avant !Comme des guerriers bardés de fer !Ton oeil et mon oeil parmi les statues qui marchent,Parmi les hurlements noirs, les écroulements de sulfureuses géométries.Nous gémissons : ah ! écoute-moi, je suis tes deux enfants, mon Dieu !En avant, guerriers sacramentels !Tendez joyeusement vos boucliers.Lancez vers le ciel les flèches du dévouement d'aurore :Vous parviendrez aux portes de la Ville
VlII. Le collierPrintemps enchaîné, arc-en-ciel léger du matin,Ah ! mon collier ! Ah ! mon collier !Petit soutien vivant de mes oreilles lasses,Collier de renouveau, de sourire et de grâce,
Collier d'Orient, collier choisi, multicolore, aux perles dures et cocasses !Paysage courbe, épousant l'air frais du matin,Ah ! mon collier ! Ah ! mon collier ! Tes deux bras autour de mon cou, ce matin.
IX Prière exaucéeEbranlez la solitaire, la vieille montagne de douleur,Que le soleil travaille les eaux amères de mon coeur ! O Jésus,Pain vivant et qui donnez la vie,Ne dites qu'une seule parole, et mon âme sera guérie.Ébranlez la solitaire, la vieille montagne de douleur,Que le soleil travaille les eaux amères de mon coeur ! Donnez-moi votre grâce, Donnez-moi votre grâce, Donnez-moi votre grâce,Carillonne, mon coeur !Que ta résonance soit dure, et longue, et profonde !Frappe, tape, choque pour ton roi !Frappe, tape, choque pour ton Dieu !Voici ton jour de gloire et de résurrection ! La joie est revenue.