Ce dispositif instrumen­tal m’a incité à concevoir Itinéraire 10 de la même manière qu’une œuvre électroacous­tique. La différence — ici fondamentale — étant la réalisation en “temps réel”. Pas de bande magnétique élaborée en studio, mais la présence vivante et spontanée des interprètes. Ces conditions sont celle d’une expérience où j’ai tenté de concilier mes exigences sur la manière de façonner un matériau sonore donné avec un jeu collectif en temps réel.

L’une des principales caractéristiques des synthétiseurs — dits “de scène” — est de posséder un clavier commandant des rapports de hauteur renouant, de ce fait, avec le système musical traditionnel — leurs sons — souvent de caractère instru­mental — et les processus d’évolution de leur morphologie sont typés : vibratos de hauteur, de timbres ou de dynamiques, jeu de filtres, etc. Mais heureusement, les tech­nologies actuelles permettent de préparer en studio, comme avec les synthétiseurs “de recherche”, puis de les stocker en mémoires, des sonorités et des processus d’évolution, des interférences de phéno­mènes sonores plus aptes à conduire notre exploration à l’intérieur de ce fruit que représente la note et par là même d’élargir le champ de nos idées musicales.