Henri Colombat (1997)

Étude sur le manque (2023)

for viola and electronics

electronic work, Ircam
Ircam cursus

  • General information
    • Composition date: 2023
    • Duration: 14 mn
  • Type
    • Solo (excluding voice) [Viola]
Detailed formation
  • viola

Premiere information

  • Date: 14 September 2023
    Location:

    France, Paris, Ircam, Espace de projection


    Performers:

    Hortense Fourrier, alto

Information on the electronics
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale): Sébastien Naves (encadrement pédagogique Ircam)
Electronic device: dispositif électronique non spécifié

Program note

À quel manque votre pièce, Étude sur le manque, fait-elle référence ?

J’ai composé ma pièce pour un musicien qui joue de l’alto, également équipé d’un appareil photo, et Disklavier. Le Disklavier étant un piano qui peut se jouer avec ou sans pianiste, le manque dont il s’agit est celui du pianiste. Et pas n’importe quel pianiste d’ailleurs, puisque c’est mon professeur de piano d’enfance. Je veux exprimer ici l’intimisme et la mélancolie associés à son souvenir.

De quelle manière ?

La pièce se présente sous la forme d’une répétition entre l’altiste, Hortense Fourrier, et ce pianiste absent. Ensemble, ils travaillent une version déformée d’un Capriccio de Brahms, l’une des dernières pièces que j’ai apprises avec mon professeur. À l’aide de son appareil photo, Hortense pénètre mon souvenir de lui jouant cette musique.

Vous articulez donc musique et photographie.

Un paradoxe de la photographie est qu’elle évoque tout à la fois une absence et une présence. Une photo nous rappelle l’absence de son sujet à travers sa propre présence en tant que représentation. C’est ce paradoxe qui permet à Hortense de nouer une relation plus active avec le manque puissant et nostalgique que la photo suscite. Je crois toutefois que le paradoxe est ici inversé, puisque l’absence sur scène du pianiste convoque une présence fantomatique. En entrant dans ses photos, Hortense entre en dialogue avec les souvenirs qu’elles contiennent, et le manque qu’elles évoquent.

La pièce a-t-elle beaucoup évolué, de son projet initial à sa version finale ?

L’équilibre expressif entre le concept de départ et sa performance effective a été l’enjeu principal. Trouver cet équilibre est d’autant plus difficile dans le cadre d’un projet incluant des éléments théâtraux. La musique influence la dramaturgie, et la relation entre les deux doit être réciproque. Il m’a fallu comprendre lesquels des aspects du concept de la pièce étaient mieux dits en musique et lesquels convenaient mieux à une expression dramaturgique.

Entretien avec Jérémie Szpirglas, note de programme du concert Cursus du 14 septembre 2023 à l'Espace de projection.