mise à jour le 11 décembre 2023
© Christine Groult

Béatriz Ferreyra

Compositrice argentine née à Córdoba en 1937.

Adolescente, Beatriz Ferreyra suit des études de piano avec Celia Bronstein à Buenos Aires (1950-1956). À sa majorité, elle convainc son père de la laisser partir en Europe pour se former plus avant. Elle entre alors dans la classe d’harmonie et d’analyse musicale de Nadia Boulanger à Paris (1962-1963), mais c’est grâce à son compatriote musicien Edgardo Canton qu’elle découvre la musique concrète et toute l’avant-garde qui gravite autour du Groupe de Recherches Musicales (GRM) où elle est admise à suivre un stage d’initiation. Elle se rapproche aussi du Studio de Phonologie de la Radio italienne de Milan (RAI, 1963), pionnier de la musique électronique, et suit les cours d’été de composition à Darmstadt en Allemagne avec Earle Brown et György Ligeti (1967).

Beatriz Ferreyra se fixe en France, dès cette époque. Entre 1963 et 1970, elle travaille au GRM, au sein du Service de la Recherche de l’ORTF (Office de Radiodiffusion-Télévision Française) sous la direction de Pierre Schaeffer. Tout en composant ses premières œuvres acousmatiques, elle collabore aux activités de recherche. Pierre Schaeffer lui confie un rôle d’enseignante dans les stages organisés par le GRM pour former les compositeurs désireux de découvrir les techniques électroacoustiques. Elle intervient dans le même temps dans les cours donnés par le GRM au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Enfin, elle assume la responsabilité des séminaires interdisciplinaires du Service de la Recherche.

À partir de 1970, Beatriz Ferreyra devient compositrice indépendante de musique électroacoustique et intègre ce milieu musical alors en pleine effervescence. Elle fréquente les ateliers de recherches instrumentales de Bernard Baschet à Paris et participe à ses travaux, pendant plus de dix ans, sur le développement de ses « Structures sonores » (1970). Elle fait partie du collège de Compositeurs du Groupe de Musique Expérimentale de Bourges à partir de 1975 (GMEB) dirigé par Françoise Barrière et Christian Clozier, eux-mêmes anciens membres du GRM. Invitée au Département de Musique Électronique du Dartmouth College (1976) dirigé par Jon Appleton pour effectuer des travaux sur ordinateur, elle s’intéresse à l’investigation et à la réalisation des œuvres appliquées à la musicothérapie (1973-1977).

En 1972, elle déménage son studio de Paris vers un endroit plus spacieux, près de Rouen, en pleine campagne, au milieu de la nature qu’elle aime tant.

L’univers musical de Beatriz Ferreyra repose sur un fort intérêt pour la spiritualité, la kabbale (Les larmes de l’inconnu), l’ésotérisme et l’alchimie (Un fil invisible), avec également un goût pour l’anecdotique, l’humour (La ba-balle du chien-chien à la mé-mère). Le rapport à la mémoire nourrit également son travail, notamment dans la pièce Échos, dont le principal matériau est la voix de sa nièce décédée dans un accident de voiture.

Beatriz Ferreyra compose sur commande des œuvres pour concerts et festivals notamment pour le GRM, le GMEB (devenu l’IMEB en 1994), l’ACIC (Association pour la Collaboration entre Instrumentistes et Compositeurs, 1976-1990) fondée et dirigée par Nicole Lachartre, le Dartmouth College (1998) et « Musiques & Recherches » en Belgique. En 1998-1999, elle fonde et organise les séries de concerts « Les rendez-vous de la Musique Concrète », avec le soutien du Centre d’Études et de Recherche Pierre Schaeffer à Montreuil. Elle compose aussi pour le ballet, et le cinéma. Ses œuvres sont jouées en France et à l’étranger ainsi que sur les ondes.

En tant que compositrice, elle est invitée à faire partie du jury du 4ème Concours International de Musique Expérimentale de Bourges (1976), du 2ème Concours International Radiophonique « Phonurgia Nova » (Arles, 1987), du Concours International de Musiques Électroacoustique du Conservatoire Royal de Musique de Mons (Belgique, 2000) et du Concours International de Musiques Électroacoustique « Métamorphoses » du groupe Musiques & Recherches dirigé par Annette Vande Gorne (Belgique, 2000).

En octobre 2014, elle reçoit de la O.I.M CIME/IMC UNESCO le titre de Membre Honorable de l’organisation.


© Ircam-Centre Pompidou, 2023

Sources

Beatriz Ferreyra.

Liens Internet

(liens vérifiés en décembre 2023)

Bibliographie sélective

Textes de Beatriz Ferreyra
  • Beatriz FERREYRA, Solfège de l’objet sonore de Pierre Schaeffer, article témoignage des 3 Cd & livre, Paris INA-GRM, INA_C 2010/11/12 475 602, 1998-2005, p. 8.
  • Beatriz FERREYRA, « Chapeau Pierre, et merci », in Portraits polychromes : Pierre Schaeffer, Evelyne Gayou (Dir.), Paris : INA-GRM, 2008, pp. 109-113.
  • Beatriz FERREYRA, « Algunas reflexiones a proposito de la musica acusmatica », in Maldoror, 2009.
  • Beatriz FERREYRA, « Fragments d’un enseignement de la musique concrète de Pierre Schaeffer au GRM dans les années 1964-1970 », in Musique et Technologie. Éveiller, Enseigner, Créer, Portraits polychromes, Hors série thématique, Paris: INA, 2015, pp. 55-60.
  • Beatriz FERREYRA, « Percevoir, ressentir, écouter », dans Spectres vol.1: Composer l’écoute, François BONNET et Bartolomé SANSON (Dir.), Shelter Press, 2019, pp. 37-42.
Textes sur Beatriz Ferreyra
  • Kim S. COURCHENE, « A Conversation with Beatriz FERREYRA », in Computer Music Journal, 2001, voL; 25, n°3, pp. 14-21.
  • Mathilde DUBESSET et Florence ROCHEFORT, « Beatriz Ferreyra », article mis en ligne le 1er juin 2009. (lien vérifié en décembre 2023)
  • Guillaume KOSMICKI, « Beatriz FERREYRA », dans Compositrices, l’histoire oubliée de la musique, Le Mot et le Reste, 2023, pp. 361-363.
  • Florence ROCHEFORT, « Beatriz FERREYRA », dans Compositrices, l’égalité en acte, Laure MARCEL-BERLIOZ, Omer CORLAIX et Bastien GALLET : Directeurs de publication, Paris : Éditions MF / Centre de documentation de la musique contemporaine, collection « Paroles », 2019, pp. 243-246.

Discographie

  • Beatriz FERREYRA, Médisances (Gossips), avec des œuvres de Robert Cohen-Solal, Edgardo Cantón et Guy Ribel, « Collection Prospective XXI siècle », 1 vinyle Philips, 1969, 6521 006.
  • Beatriz FERREYRA, Siesta Blanc (White siesta), dans « Fylkingen Electronic Music Competition 1975 Prizewinners », avec des œuvres de Dennis Smalley et Philippe Ménard, 1 vinyle Fylkingen, 1975, Rec. FLYP 1012 st.
  • Beatriz FERREYRA, Dans un point infini ; L’Autre rive  Les larmes de l’inconnu ; Un fil invisible, 1 Cd INA-GRM, 2012, Ina-G 6030.
  • Beatriz FERREYRA, Jazz’t for Miles, dans « Computer Music Journal Sound Anthology, 2001, vol. 25. », avec des œuvres de Christine Groult, Enrique Belloc, Elsa Justel, Roger Cochini, 1 Cd Computer Music Journal, 2001, CMJ CD-25-4.
  • Beatriz FERREYRA, La baballe du chienchien à sa mémère ; 3 moments précédant la genèse des cordes, dans Compendium International 2001 Bourges, avec des œuvres de Christian Clozier, Elzbieta Sikora, Françoise Barrière, Horacio Vaggione, Patrick Ascione, Jacky Merit, Adolfo Nunez [et al.], 2 Cd Mnémosyne Musique Média, 2001, LDC 2781122-23.
  • Beatriz FERREYRA, La rivière des oiseaux (Rio de los pajaros) ; Rio de los pajaros escondidos (La rivière des oiseaux cachés) ; Rio de los pajaros azules (La rivière des oiseaux bleus) ; Médisances ; L’Orvietan ; Vivencias ; Cantos de antes (Les chants d’avant), 1 Cd Motus, 2004, M302004.
  • Beatriz FERREYRA , Rio de los pàjaros ; Echos, dans « Cultures électroniques : Prix Magisterium et Prix Trivium - Bourges 2000 », avec des œuvres de James Dashow, Leo Küpper, Pierre Jodlowski, José Halac, Jens Hedman, Ambrose Field, Michael Obst, Ricardo Mandolini, 2 Cd Le Chant du Monde, 2001, LDC 278072-73.
  • Beatriz FERREYRA, Souffle d’un petit Dieu distrait, dans « Sonic Circuits, American Composers Forum 1997 », avec des œuvres de Katharine Norman, Lawrence Fritts, Robert Normandeau, Eirik Lie, Mike Olson, Orchid Spangiafora [et al.], 1 Cd Innova Recordings, 1997, Innovd 114.
  • Beatriz FERREYRA, Petit Poucet Magazine ; Siesta Blanca ; Canto del Loco ; The U.F.O. Forest ; Souffle d’un petit Dieu distrait, 1 Cd Mnémosyne Musique Média, 1998, LDC 278 1109.
  • Beatriz FERREYRA, Demeures aquatiques, dans « An anthology of noise & electronic music vol. 4 », avec des œuvres de Halim El-Dabh, György Ligeti, Jean-Claude Risset, Maja Ratke, Laurie Spiegel, eRikm, Alvin Lucier [et al.], 2 Cd Sub Rosa, 2006, SR250.
  • Beatriz FERREYRA , Mer d’Azov, dans « Archives GRM », avec des œuvres de André Hodeir, Pierre Boulez, Iannis Xenakis, Pierre Schaeffer, Luc Ferrari, François Bayle, Bernard Parmegiani, Yann Geslin, Mireille Chamass-Kyrou [et al.], 5 Cd INA-GRM, 2004, INA_C 1032.
  • Beatriz FERREYRA, Christine GROULT, « Nahash », 1 Cd trAce, 2015, trAce 040.
  • Beatriz FERREYRA, « Echos + », 1 vinyle Room40, 2020, RM4114.
  • Beatriz FERREYRA, « Canto + », 1 vinyle Room40, 2021, RM4136.
  • Beatriz FERREYRA, « Huellas Entreveradas », 1 vinyle Persistence of Sound, 2021, PS004.
  • Beatriz FERREYRA, « Live Ateliers Claus », disponible digital uniquement, Les Albums Claus, 2021, laclive014.
  • Beatriz FERREYRA, Souvenirs Cachés ; MurmureIn, dans « Souvenirs Cachés / Innermost », avec une œuvres de Natasha Barrett, 1 vinyle Persistence of Sound, 2021, PS005
  • Beatriz FERREYRA, « Senderos de luz y sombras », 1 vinyle Recollection GRM, 2023, REGRM 027.