1 -La nuit s'est presque tout écoulée en vain à l'attendre. Je crains qu'au matin il ne vienne soudain devant ma porte, alors qu'épuisée de fatigue je serai tombée endormie. Oh ! laissez devant lui la route libre. Amis, ne le repoussez pas !Si le bruit de ses pas ne m'éveille, oh ! laissez-moi dormir, je vous en prie. Puisse ne troubler mon sommeil ni le clamareux choeur des oiseaux, ni la jubilation du vent dans la gloire de la clarté matinale. Laissez que je repose en paix, même si mon Seigneur, soudain, se présente à la porte.Sommeil ! Ô mon précieux sommeil ! qui seulement attends son attouchement pour me fuir. Yeux clos, que ne découvriront mes paupières qu'à la lumière de mon sourire, quand il se dressera devant moi comme un songe surgi de l'ombre du dormir.Qu'à mes regards il apparaisse comme le premier des rayons et comme la première des formes ! Que le premier tressaillement de joie au réveil, mon âme le doive à son regard ! Et revenir à moi, que ce soit revenir à lui !
2 -Lumière ! ma lumière ! lumière emplissant le monde, lumière baiser des yeux, douceur du coeur, lumière !Ah ! la lumière danse au centre de ma vie ! Bien-aimé, mon amour retentit sous la frappe de la lumière. Les cieux s'ouvrent ; le vent bondit ; un rire a parcouru la terre.
Sur l'océan de la lumière, mon bien-aimé, le papillon ouvre son aile. La crête des vagues de lumière brille de lys et de jasmins.La lumière, ô mon bien aimé, brésille l'or sur les nuée ; elle éparpille à profusion les pierreries.Une jubilation s'étend de feuille en feuille, ô mon amour ! une aise sans mesure. Le fleuve du ciel a noyé ses rives ; tout le flot de joie est dehors.
3 -C'est ainsi que la joie que tu prends en moi est si pleine. C'est ainsi que tu es descendu jusqu'à moi. Ô Seigneur ! maître de tous les cieux, si je n'existais pas, où serait ton amour ?Tu m'as pris comme associé de ton opulence. Dans mon coeur se joue le jeu sans fin de tes délices. Par ma vie prend forme incessamment ton vouloir.Et c'est pourquoi, toi, Roi des rois, tu t'es revêtu de beauté afin de captiver mon coeur. Et c'est pourquoi ton amour se résout lui-même dans cette amour de ton amant ; et l'on te voit ici où l'union de deux est parfaite.
4 -Ô toi, suprême accomplissement de la vie, Mort, ô ma mort, accours et parle-moi tout bas !Jour après jour j'ai veillé pour t'attendre ; pour toi j'ai supporté les joies et les angoisses de la vie. Tout ce que je suis, tout ce que j'ai, et mon espoir et mon amour, tout a toujours coulé vers toi dans le mystère. Un dernier éclair de tes yeux et ma vie sera tienne à jamais.On a tressé les fleurs et la couronne est prête pour l'époux. Après les épousailles l'épouse quittera sa demeure et, seule, ira dans la nuit solitaire, à la rencontre de son Seigneur.