- Informations générales
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Date de composition :
2005 - 2006
- Durée : 20 mn
- Éditeur : Suvini Zerboni
- Commande : Beethovenfest de Bonn et M. Peter McBurney
- Dédicace : au Quatuor Arditti
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Date de composition :
2005 - 2006
- Genre
- Musique de chambre [2 violons, alto, violoncelle]
- 1 violon, 1 violon II, 1 alto, 1 violoncelle
Information sur la création
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Date :
19 mars 2006
Lieu :Belgique, Bruxelles, festival Ars Musica
Interprètes :le quatuor Arditti.
Titres des parties
- Molto vivo
- Presto elettrico
- Lento ondeggiante – Leggiero, sempre interrotto
- Molto ritmico e selvaggiamente
- Poco lento, etereo
- Poco lento, molto teso
- Prestissimo possibile, molto liscio
- Poco vivo, molto fluido
- Non presto, ma molto intenso
- Lento, deserto
- Presto astioso
Note de programme
Il est composé de onze très courtes pièces (durant chacune d’une à deux minutes pour un total d’environ vingt minutes), qui développent chacune une idée musicale simple, dans un contexte de grande virtuosité et structuré le plus souvent selon le principe ancestral du canon.
La première pièce, Molto vivo, sempre mutevole est une succession de lignes descendantes et ascendantes, où chacun des instruments joue les notes de l’un des autres, mais à une vitesse différente, ce qui rend la perception du canon impossible, et qui fait constamment évoluer le profil de la grappe de sons se mouvant dans l’espace ; à cela s’ajoute une constante évolution des modes de jeu (du pizz au pizz Bartok, du pizz au jeu avec l’archet, etc.).
La seconde pièce, Presto elettrico, est une longue vibration autour de la note mi (principe que j’avais déjà utilisé dans la finale de Treis) sur plusieurs cordes et en oscillations microtonales, laquelle est écrite de façon extrêmement précise. Là encore les quatre instruments jouent les mêmes notes, mais à quatre vitesses différentes. Ce continuum est interrompu par des harmoniques de plus en plus rapprochées, puis après un soudain changement d’accord, par des accents fff avant de cesser pour dégringoler en pizz.
La troisième pièce débute par un Lento ondeggiante alternant accélération et décélération sur plusieurs niveaux puis faisant place à un Leggiero, sempre interrotto, ou une gamme est « clustérisée » différemment à chaque itération, traitée en homorythmie parfaite, mais sans cesse interrompue par de violents agrégats ; ensuite seulement les quatre voix s’indépendantisent pour grimper inéluctablement vers l’aigu et se cristalliser sur un accord molto vibrato.
La quatrième pièce, Molto ritmico e selvaggiamente, est le négatif de la pièce de la pièce précédente : les gammes sont asynchrones, descendantes, et se rétrécissent constamment, avant de dégringoler vers le registre médium et se mêler en un tournoiement de plus en plus lointain.
La cinquième pièce, Poco lento, etereo, a pour principe l’illusion que deux stations harmoniques cohabitent, l’une dans l’extrême aigu en harmoniques, l’autre dans un registre médium, en pizz. Même si chaque musicien joue alternativement des pizz et des harmoniques, l’oreille dissocie les deux états de la matière sonore, par la différenciation même des registres, des modes de jeu et des champs harmoniques.
La sixième pièce, Poco lento, molto teso, est en fait un contrepoint orné, un enchevêtrement de lignes accidentées autour de quelques agrégats typiques de ce quatuor. Il y a une évidente dimension "dramatique" dans ce mouvement : une tension allant grandissant alors que la trajectoire globale évolue du registre grave à l’extrême aigu. Mais des pizz, comme de brusques changements harmoniques, viennent perturber cette apparente linéarité.
La septième pièce, Prestissimo possibile, molto liscio, est un fourmillement continuel de sons très fluides, en perpétuelle évolution harmonique et grimpant constamment vers l’aigu. Le continuum se fait de plus en plus turbulent, puis frénétique avant de disparaître subitement.
La huitième pièce, Poco vivo, molto fluido est un enchevêtrement de gammes ascendantes se terminant par des accents et plus courtes à chaque itération : on a donc une impression d’accélération, alors que la vitesse reste invariablement la même. Puis au milieu de la pièce, le processus s’inverse : les gammes sont descendantes, elles s’allongent, puis se brouillent en un decrescendo de plus en plus microtonal.
La neuvième pièce, Non presto, ma molto intenso, est, à l’instar du sixième mouvement, une pièce assez dramatique, dans le sens où une tension grandissante sous-tend le contrepoint. D’abord gravitant autour d’une pédale de l’alto et traités de la même façon, les sons se divisent : les deux violons grimpent vers l’extrême aigu, vibrent de plus en plus, alors que l’alto et le violoncelle énoncent de denses tenues au champ harmonique proche du jazz.
La dixième pièce, Lento, deserto est un octuor : chaque musicien joue deux lignes indépendantes sur deux cordes et écrites sur deux portées. Ces lignes gravitent mollement en glissandi extrêmement lents autour des notes des quatre champs harmoniques déclinés dans ce mouvement, chacun d’entre eux étant initié par un brusque glissando dans la nuance ffff.
Enfin, la dernière pièce, Presto astioso, est un dédale de trilles envahissant tout l’espace harmonique ; les attaques des trilles sont extrêmement agressives : il est demandé aux musiciens d’exagérer la pression de l’archet à chaque attaque fff, mais également de jouer sul ponticello dans le suraigu avec une nuance ffff, ce qui crée inévitablement un son très impur, saturé. Il faudra attendre la toute fin pour que la musique se calme et disparaisse dans un court bourdonnement d’harmoniques.
Même si les pièces sont très courtes et reprennent certains principes que j’avais déjà développés dans mes pièces récentes, j’ai tenté de travailler sur plusieurs idées que je n'avais pas jusqu'alors exploitées. En effet, j’ai utilisé les quarts de tons de façon beaucoup plus systématique et rigoureuse, beaucoup moins selon le principe de brouillage d’un relatif diatonisme. De plus par l’utilisation du canon, la plupart des pièces ont été conçues dans un artisanat poussé plus avant : chaque note, chaque rythme a sa place et sa raison d’être en rapport avec le principe de composition. Enfin, j’ai tenté de limiter la fluidité confortable du discours : la forme délibérément découpée en onze mouvements, confère au quatuor une sensation d’instabilité ; à peine l’auditeur installé dans le climat propre à chaque mouvement, la pièce s’interrompt.
Christophe Bertrand
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