- Informations générales
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Date de composition :
2012
- Durée : 11 mn
- Éditeur : Lemoine, 2012
- Commande : Radio France
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Date de composition :
2012
- Genre
- Musique instrumentale d'ensemble [Ensemble instrumental 1 par voix]
Information sur la création
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Date :
24 novembre 2012
Lieu :France, Paris, Cité de la musique
Interprètes :l'Orchestre Philharmonique de Radio France, direction : Pascal Rophé.
Note de programme
Cette œuvre commandée par Radio France se conforme à la disposition et la nomenclature orchestrale prévues par Iannis Xenakis pour Terretektorh en 1966. Rappelons que la création a eu lieu au casino de Royan et que, pour Xenakis, l'orchestre retrouvait avec cette oeuvre sa vraie source dans une sorte de dissémination du corps sonore de la vieille formation symphonique.
Il me semble évident que les préoccupations spatiales et musicales de L'Amphithéâtre s'éloignent du principe d'éclatement et des disséminations stochastiques si déterminants dans les années 1960.
Dans L'Amphithéâtre, l'espace voudrait contribuer à métaboliser différemment le langage orchestral.
Quel est cet espace inspiré par le plan et le projet de Terretektorh ?
Il s'agit d'un espace structuré par une disposition qui se rapprocherait de la figure de cinq ovales concentriques, les cinq orchestres.
L'allégorie de la figure de l'ovale et de sa fermeture est importante. Elle est le contraire de la dispersion acoustique. Elle a inspiré l'écriture du mouvement du son, sa trajectoire, les échelles modales altérées qui se déploient dans l'espace. Même remarque sur la relation entre la disposition concentrique des figures ovales dessinées par la place des musiciens dans la salle, l'écriture et la perception de la polyphonie propagée.
L'Amphithéâtre fait référence, et paradoxalement en ce sens, à l'esprit de l'oeuvre de Xenakis et de Terretektorh, mais aussi celui de la renaissance : le lien originel et fondateur entre architecture, formes et polyphonies sonores.
Ce que je vois et entends comme cette figure de cinq ovales concentriques dans L'Amphithéâtre se déchiffre, se découvre dans plan d'architecte de Terretektorh : huit structures en arcs de cercle.
De ce plan si audacieux de Xenakis, conçu en 1966, lié au principes stochastiques, on peut déceler d'autres figures incluses, tout en en respectant l'intégrité. On peut y dégager un autre projet architectural et musical qui peut ouvrir aujourd'hui à d'autres orientations : dans ces huit structures en arc de cercle de Terretektorh, on peut trouver la disposition des cinq orchestres (cinq ovales concentriques, compte tenu de la structure de la salle des concerts de la Cité de la musique de Paris), qui se déploieraient polyphoniquement, harmoniquement et géométriquement autour du chef d'orchestre.
Dans L'Amphithéâtre, les contrepoints, les brisures complexes de l'écriture musicale, sont comme entraînés par le mouvement giratoire d'une spirale acoustique, ses battements, et ce que j'appelle des polyphonies paradoxales.
L'écriture rythmique, les décalages d'échos entre les instruments et les orchestres, les battements, les polyphonies-timbres font entendre un autre contrepoint résultant de cette écriture concentrique, une polyphonie de la polyphonie dans l'espace de la salle, des lignes diagonales incurvées entre les instruments d'un même cercle et entre les cinq orchestres.
Les orchestres 1, 2, 3 formant les trois premiers ovales réalisent, placés au parterre, les canons rythmiques et acoustiques que prolongent et développent dans le même processus les orchestres 4 et 5 situés au balcon.
La figure concentrique des cinq orchestres constitue l'essence de la forme architecturale et musicale de cette pièce.
En composant spécialement pour la salle des concerts de la Cité de la musique de Paris, en imaginant y entendre cette disposition concentrique et ovale, il me vient à penser aux gradins et à l'acoustique de ces édifices antiques grecs et romains : les amphithéâtres.
Michaël Levinas, site des éditions Lemoine, octobre 2012.
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