Matteo Franceschini (1979)
TOVEL - OPUS (2017 -2019)
performance audiovisuelle pour quatuor à cordes et électronique, en collaboration avec 1024 architecture
œuvre électronique, Ircam
performance
- Informations générales
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Date de composition :
2017 - 2019
- Vidéo, installation (détail, auteur) : 1024 architecture (vidéo live, scénographie)
- Durée : 60 mn
- Éditeur : Ricordi
- Commande : Ircam-Centre Pompidou et ProQuartet – Centre européen de musique de chambre
- Dédicace : à Rodolphe Bruneau-Boulmier
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Date de composition :
2017 - 2019
- Genre
- Musique de chambre [Quatuor à cordes]
- 4 cordes
Information sur la création
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Date :
22 juin 2019
Lieu :France, Paris, La Scala
Interprètes :Quartetto Maurice.
Information sur l'électronique
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) :
Manuel Poletti
Dispositif électronique : temps réel, amplification, dispositif multimédia (vidéo, lumière)
Note de programme
« Illimiter le langage »
Matteo Franceschini
Tout compositeur se trouve un jour face au fantasme d’un « spectacle total ». Celui-ci s’accompagne pour moi de la nécessité intérieure de m’extraire de mon atelier, pour interagir sur la scène et contribuer avec les autres interprètes à l’incarnation de ce qui n’était jusqu’alors qu’un idéal, une forme d’utopie créative.
Sous le nom de TOVEL, je désire approfondir la figure de l’auteur/interprète dans le but d’expérimenter un nouveau son « de l’intérieur » ; la composition mise en miroir avec une pratique instrumentale ouvre de nouvelles perspectives sur la conscience théâtrale du geste sonore. L’implication directe sur scène et le travail en contact étroit avec d’autres musiciens se présentent comme un véritable acte de création : transformer la partition en énergie sonore.
Si TOVEL escamote la frontière entre création préparée (la page écrite) et invention dans la performance, il manifeste aussi le désir d’abolir celle entre interprètes et spectateurs. Je rêve d’insuffler au cadre souvent formaté du « concert classique » la vitalité, voire la transe, qui, dans le cadre d’un dancefloor, nourrit les artistes sur scène de l’énergie du public. Cette quête m’a conduit à me concentrer sur la théâtralité du geste musical, le croisement des grammaires et celui des disciplines. OPUS représente un pas supplémentaire dans ces trois directions.
Le spectacle débute comme un concert traditionnel de quatuor de cordes, forme la plus canonique, bien qu’inépuisable, de la musique occidentale. Elle se voit rapidement pervertie par des transformations qui viennent à la fois de l’écriture et du traitement électroacoustique opéré en temps réel.
L’écriture musicale endosse ainsi un rôle crucial dans le développement d’OPUS : déployer une pensée proprement musicale en gardant une distance entre la partition et l’audition, entre « musique » et « sonore ».
Ce type d’expérience s’inscrit dans une tradition déjà fort riche ; aussi fallait-il en renouveler l’enjeu par l’interaction avec une dimension visuelle qui va bien au-delà du cadre de la scène. Illimiter l’espace en quelque sorte, afin d’« illimiter le langage », pour reprendre la formule de Roland Barthes.
Dans OPUS, chacune des sources acoustiques (les quatre instruments à cordes) passe au travers d’un amplificateur présent sur scène, et se voit traitée par une série de pédales d’effets contrôlées directement par les musiciens. Le signal analogique des cordes est ensuite converti au format numérique, transformé, et renvoyé dans leurs propres amplificateurs. Bientôt, on ne sait plus si ces élaborations sont induites par le son que produisent les musiciens ou directement par leur corps. Lentement, et de manière imperceptible, le discours évolue et se métamorphose au gré des traitements sonores que je pilote en temps réel, ainsi que la lumière et les projections vidéo sur lesquelles interviennent au même moment les artistes de 1024 architecture. L’écriture musicale et iconographique d’OPUS plonge le spectateur dans un monde où tout se dédouble, se multiplie et s’interroge. À chaque situation correspond, en quelque sorte, un nouveau spectacle. C’est la somme de ces spectacles qui crée l’unité dramaturgique.
(Dé)-construire le virtuel
1024 architecture
Dans le but de créer un nouveau type d’expérience visuelle et spatiale, dont la trame narrative et (dé)-constructive se fait en dialogue et relation permanents entre l’espace scénique et la musique, nous avons imaginé un univers visuel qui interagit en temps réel avec le discours sonore. Un nuage de points et de particules de lumières se cristallise soudain en une perspective, un paysage, un espace architectural, faisant naître d’un bouillon numérique une matière réelle et analogique qui ne cesse de se métamorphoser.
Les éléments de ce décor ont été réalisés grâce à la photogrammétrie. Cette technique consiste à effectuer des mesures dans une scène, en utilisant la parallaxe obtenue entre les images acquises selon différents points de vue – elle reproduit en cela le mécanisme de la vision stéréoscopique humaine, dans lequel le cerveau évalue les reliefs en comparant les images obtenues par les deux yeux. Les paysages et architectures générés sur la scène du théâtre existent donc bel et bien : ils ont été « scannés » lors de différents voyages dans le nord de l’Italie, en Sicile et à Hong Kong, grâce à des images capturées par drone. Chacun de ces éléments d’architecture ainsi modélisés en 3D a servi à créer les tableaux de cet opéra analogique et numérique, visuel et musical.
Au cours de la performance, ces tableaux virtuels sont (dé)-formés et (dé)-construits en temps réel. Nous utilisons à la fois les vibrations du quatuor à cordes ainsi que les distorsions et augmentations électroniques opérées par le compositeur. Nous les interprétons grâce à des algorithmes d’analyse du son afin de les orchestrer en direct à l’aide de différents contrôleurs et capteurs.
Note de programme de la performance du 22 juin 2019 à La Scala Paris.
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