Mouvements 1, 2, 3, pour quatuor à cordes, dans le genre le plus carrément assis de la musique de chambre, un titre qui danse... D'autant qu'on croirait que c'est au quatuor de se mouvoir. Thierry De Mey place ses trois Mouvements sous le signe des attitudes de l'esprit selon Buffon.

Au premier, énoncé objectif du devenir harmonique d'un materiau (un enchaînement d'accords) aussi neutre que possible, correspond « la pure sensation ». Au deuxième la « pure mesure ». Dans le troisième enfin, « l'esprit qui veut et qui se perd dans l'objet de ses vœux » motive l'obstination de chaque instrument dans sa propre rhétorique, proche de ses fonctions traditionnelles : soutien rythmique et « tonal » de la basse, figure brisées sur un réseau harmonique stable de l'alto, spirales involutives du second violon, volubilité impérieuse du premier violon qui finit, après que chaque tendance se soit prônée sur le mode concertant, par emporter la dernière page dans un accès de bravoure collective.