L'œuvre est composée de deux mondes musicaux différents, que le pianiste doit mettre en rapport.

Le premier monde, c'est celui des 14 pages qui sont la substance musicale de l'œuvre. C'est l'action. Le pianiste doit jouer cette musique comme n'importe quelle autre œuvre musicale.

L'autre monde, ce sont les 132 « accords du silence » ; ils croisent, débouchent, partent du premier à n'importe quel moment et avec une fréquence toujours changeante. C'est un « néant » musical, la réflexion, le vide mental qui n'est pas distraction mais concentration : une chute volontaire ? involontaire ? dans un esprit « autre ».

Ce croisement d'univers peut avoir autant de degrés d'évidence qu'on le souhaitera. A ce propos, la musique écrite pour les 14 pages suit un subtil jeu de parentés — de la plus éloignée à la relativement proche — avec ces 132 « accords ». Le pianiste a devant lui ces deux mondes. Son travail consiste à les habiter et ensuite à les faire entamer un dialogue d'après son expérience vécue en eux.

L'œuvre est très cordialement dédiée à Marie-Françoise Bucquet.