György Kurtág (1926)
Rückblick (1993)
de l'ancien et du nouveau pour quatre instrumentistes (trompette, contrebasse et claviers) - Hommage à Stockhausen
[Regard en arrière]
- Informations générales
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Date de composition :
1993
- Durée : 1 h 17 mn
- Éditeur : Editio Musica, Budapest
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Date de composition :
1993
- Genre
- Musique de chambre [Quatuor à vent, clavier et cordes]
- trompette, contrebasse, piano, piano (aussi célesta, clavecin)
Information sur la création
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Date :
30 septembre 1993
Lieu :Allemagne, Berlin, Berliner Festwochen
Interprètes :Markus Stockhausen : trompette, Peter Riegelbauer : contrebasse, Majella Stockhausen : piano, Marcus Creed : piano et claviers.
Observations
- programme composé par le compositeur (œuvres originales et transcriptions) ;
- 14 fragments (21 minutes) sont édités par Universal.
Titres des parties
I.
- Invocatio
- Kyrie
- Hommage à Stockhausen
II. Drei Pilinszky-Lieder
- Alkohol
- In memoriam F.M. Dostojewski
- Hölderlin
III. Extraits des 8 Klavierstücke op. 3 (1. Variante)
- 1. Inesorabile. Andante con moto
- 2. Calmo
- 8. Vivo
III. Extraits des 8 Klavierstücke op. 3 (2. Variante)
- 1. Inesorabile. Andante con moto
- 2. Calmo
- 5. Prestissimo possibile
- 8. Vivo
III. 8 Klavierstücke op. 3 (3. Variante)
- 1. Inesorabile. Andante con moto
- 2. Calmo
- 3. Sostenuto
- 4. Scorrevole
- 5. Prestissimo possibile
- 6. Grave
- 7. Adagio
- 8. Vivo
IV.
- Hommage à John Cage
- Choral
V. Vier 'in memoriam'
- ...la mémoire de György Szoltsányi
- Hommage tardif à Karskaya
- Stiller Abschied von Endré Székely
- In memoriam Thomas Blum
VI.
- Antiphone in fis
- Hommage à Tristan
- Les Adieux in Janáceks Manier
- Studie zu Hölderlin
- Zorniger Choral
- Stolpernd (in memoriam Marianne Reismann)
- Invocatio alio modo
- Antiphone in fis alio modo
- Kyrie alio modo
VII. (...quasi scherzo...)
- Präludium und Walzer in C
- Mit den Handflächen
- Grashalm für Klára
- Hommage à Paganini (la nuova campanella)
- Spiel mit Unterbrechungen
- Blumen die Menschen
VIII. Onze extraits des Dits de Péter Bornemisza
- Sünde
- Der Geist ist freies Wildtier
- Der Teufel plagt dich
- Breiig wird der Schnee
- Wie im Troge die Stinte
- O Mensch, bewein dein Sünde groß
- Die Worte hämmern
- Blumen die Menschen
- Es rafft dich der Tod
- Der Glaube
- Summa der Sprüche des P. B.
IX.
- Hommage à Soproni (in memoriam matris carissimae)
- Hommage à Halmágyi Mihály
- Invocatio
- Kyrie
- ad lib. : Hommage à Stockhausen
Note de programme
Rückblick, c'est un regard en arrière. « En l'an ...esme de mon aage, que toutes mes hontes j'eus beues, ne du tout fol, ne du tout sage... », tel est l'exergue de François Villon que Kurtág a placé en tête de son « œuvre ». Pourquoi ces guillemets ? C'est qu'en effet, comme le dit son sous-titre (Altes und Neues für vier Spieler, « de l'ancien et du nouveau pour quatre instrumentistes »), Rückblick n'est pas exactement une « œuvre » : quelque chose qui pourrait se voir attribuer un numéro d'opus, quelque chose dont on viendrait découvrir la nouveauté lors d'une première exécution ou, comme on dit souvent, lors d'une « création ».
Altes und Neues, ancien et nouveau : ces catégories — liées à une certaine conception du « progrès » — sont ici non pertinentes. Ou plutôt, elles sont entretissées, indissociables : une sorte d'anthologie de Kurtág par Kurtág, un dialogue, un polylogue spectral, fantômatique, de lui à lui : une hantologie.
Il serait certes difficile de dire que Rückblick appartient à un genre. Pourtant, si l'on voulait lui trouver des précédents ou des pendants, ce serait sans doute dans cette conception inaugurée par Stockhausen (Rückblick est un « hommage à Stockhausen ») : avec Musik für die Beethovenhalle, par exemple, on aurait affaire à un quasi-genre, qu'illustrerait aussi Quodlibet d'Emmanuel Nunes. Des « œuvres » où le compositeur propose une exposition, un parcours au sein de ses œuvres (le jeu citationnel des guillemets — des « œuvres » et des œuvres — est ici inévitable, tout se joue dans leur présence/absence).
Si l'on pense le concert comme exposition de la musique, c'est ici le compositeur qui est l'exposant, le commissaire de sa propre exposition : ce qu'il propose, c'est une programmation, un programme (c'est ce que dit très clairement un manuscrit de Kurtág pour Rückblick). Et, à l'évidence, il y a dans ce caractère programmatique quelque chose qui relève du work in progress (noch nicht beendet : « pas encore terminé », peut-on lire sous la rature du manuscrit). Kurtág réécrit, « arrange », retranscrit des fragments qui, souvent, étaient déjà eux-mêmes des citations partielles (l'Hommage à Tristan — troisième pièce chorale de l'Omaggio a Luigi Nono — qui citait l'incipit de sixte mineure de l'opéra de Wagner, est ici transcrit pour trompette, contrebasse, pianino et célesta).
Cette insondable mise en abime des « originaux » et des « transcriptions » brouille les pistes, les antécédances et les conséquences : d'autant plus que Rückblick a également ses précédents dans l'œuvre de Kurtág, par exemple dans tel « programme » (sans titre), « composé » pour un concert de mars 1993 au Festival de printemps de Budapest (la première partie de la soirée s'intitulait Préparations pour l'opus 27, et comprenait certaines pièces qui sont présentes dans Rückblick ; dans sa présentation du concert, Péter Eötvös écrivait : « c'est Kurtág lui-même qui a composé ce programme en trois parties, en éclairant les relations, les attractions, les coappartenances, les origines et les conséquences des pièces »).Que dire, donc, sur Rückblick, sans citer à mon tour les commentaires existants sur les fragments qui composent ce regard en arrière ? Puisque l'auditeur pourra consulter les autres notices ici rassemblées, je donnerai simplement... le programme. Lorsque, naïvement, je lui demandai « la partition de l'œuvre », János Demény, directeur d'Editio Musica Budapest, ne pouvait que m'envoyer la « liste » qui va suivre, en indiquant ceci : « Rückblick est essentiellement un programme de concert que György Kurtág a conçu à partir d'œuvres antérieures sous leur forme originales, d'œuvres antérieures transcrites (réinstrumentées ou retravaillées) et de nouvelles oeuvres composées pour l'occasion. « [...] De plus, Kurtág considère ce programme comme un arrangement non pas obligatoire, mais suggéré. Il n'y a pas, pour l'instant, de manuscrit unique, les Stockhausen jouent à partir de leurs propres exemplaires, imprimés ou manuscrits [...]. »
Peter Szendy.
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