Thierry De Mey (1956)
Simplexity, la beauté du geste (2016)
pour cinq danseurs, cinq musiciens et électronique
œuvre électronique, Ircam
- Informations générales
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Date de composition :
2016
- Vidéo, installation (détail, auteur) : Thierry De Mey, chorégraphie.
- Durée : 1 h 20 mn
- Commande : Ministère de la Culture et de la Communication.
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Date de composition :
2016
- Genre
- Musique de chambre [Quintette]
- clarinette, 2 percussionnistes, harpe, alto
Information sur la création
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Date :
20 mai 2016
Lieu :Belgique, Bruxelles, Kaaitheater
Interprètes :Solistes de l'Ensemble Intercontemporain : Frédérique Cambreling (harpe), John Stulz (alto) Jérôme Comte (clarinette), Samuel Favre (percussion), Victor Hanna (percussion).
Danseurs : Ildikó Tóth, Louise Tanoto, Peter Juhász, Sara Tan Siyin, Víctor Pérez Armero.
Information sur l'électronique
Information sur le studio : Ircam
RIM (réalisateur(s) en informatique musicale) :
Benoît Meudic,
Sébastien Naves (collaboration)
Dispositif électronique : dispositif électronique non spécifié
Observations
Voir le film documentaire de la série Images d'une œuvre sur le processus d'élaboration de l'œuvre : https://medias.ircam.fr/x2d425f
Titres des parties
- Light windows
- Interpolation
- Kaira
- Face à face
- Traceless
- Ripple Marks
- Affordance
Note de programme
Pour son premier spectacle d’art complet (c’est-à-dire une œuvre scénique impliquant musique, chorégraphie et tout un attirail informatique), SIMPLEXITY la beauté du geste est, à défaut d’un aboutissement, tout du moins une synthèse des travaux antérieurs de Thierry De Mey autour du mouvement. Colonne vertébrale de son processus créatif, le mouvement guide et motive en effet à la fois sa pensée esthétique et sa réflexion compositionnelle, au point qu’il s’est lancé voilà une dizaine d’années dans une véritable « taxinomie du geste » – au reste, cette expression a longtemps tenu lieu de titre provisoire au grand œuvre qu’est devenu SIMPLEXITY.
Concept emprunté aux neurosciences,le mot-valise de « simplexité » est une manière pour Thierry De Mey de trancher un faux débat qui touche tous les domaines, et particulièrement celui de l’esthétique musicale, et dont les origines se trouvent dans la confusion entre « complexe » et « compliqué », ainsi qu’entre « simple » et « simpliste ». « Le complexe, dit-il, c’est un phénomène dont les prémisses obéissent à une forme préhensible parfois très simple (le jeu de go, par exemple, dont le principe est diaboliquement simple), mais dont les développements sont d’une grande richesse. Le compliqué, ce serait... la bureaucratie, par exemple. Quant à moi, je revendique d’aborder le complexe, sans rechigner à utiliser les outils actuels (nouvelles technologies) ni éviter la confrontation avec les autres produits de notre réalité. Mais l’acte créateur vient après l’exploration et la prise en compte de la complexité : c’est un processus qui relève de l’abstraction, de la stratification, de la modélisation. D’une simplicité qui n’a rien de simpliste car elle n’appauvrit en rien le phénomène observé. René Thom, fondateur de la théorie des catastrophes, écrit que le vrai n’est pas menacé par le faux, car le faux dessine les contours du vrai. En revanche, le vrai est menacé par l’insignifiant. La complication et le bain d’informations dans lequel nous baignons quotidiennement tendent à masquer les informations pertinentes. Et je me refuse à infliger à mon public une complication brute, qu’il ne saura pas démêler. »
Au-delà de cette définition générale, le concept de simplexité s’avère pertinent pour décrire toutes les étapes, ou presque, de l’élaboration de la pièce qu’il désigne. Une grande partie du matériau musical et chorégraphique est ainsi produit grâce à des modèles physiques. Certains ont servi (et servent encore, au cours du spectacle) de point de départ et de source d’inspiration aux improvisations, que De Mey appelle « Instant compositions », réalisées par les interprètes sous la direction du compositeur. D’autres, représentant des phénomènes sonores fragiles (sons multiphoniques ou nœuds fréquentiels sur des cordes vibrantes), ont servi au calcul du champ harmonique. Utilisés comme des cribles par synthèse soustractive, ces modèles physiques idéaux filtrent des échantillons concrets extraits d’une large banque de sons naturalistes (une forêt en automne, une tempête de sel sur la mer d’Aral, un orage en mer du Nord...) pour enrichir le discours électroacoustique.
D’autres modèles mathématiques, comme la série de Fibonacci ou celles des nombres radiants, suggèrent l’organisation de l’espace, du rythme, et jusqu’à la forme – sans jamais devenir systématique : « là est le principe générateur de SIMPLEXITY : on prend un modèle naturel et on en extrait la logique pour la reproduire de manière informatique. De là, on peut générer des mouvements, des séries de notes, de rythmes, etc. À l’autre bout de la chaîne, on fait en sorte que ce soit jouable par l’interprète – et, espérons- le, riche d’émotions pour le spectateur. »
Jérémie Szpirglas.
Note de programme du spectacle des 2 et 3 juin 2016, au Centre Pompidou.
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