René Char, Le Soleil des eaux
2 flutes, 2 oboes (also English horn), 2 clarinets (also bass clarinet), 2 bassoons, 3 horns, 2 trumpets, trombone, tuba, 3 percussionists, 4 timpani, xylophone, vibraphone, celesta [à cinq octaves], 2 harp, 6 violins, 5 second violins, 4 violas, 4 cellos, 3 double basses
Paris RTF (version radiophonique pour voix et orchestre, retirée du catalogue).
Paris (pour soprano, ténor, basse et orchestre de chambre, retirée du catalogue)
Irène Joachim : soprano, Pierre Mollet : ténor, Joseph Peyron : basse, Orchestre National de France, direction : Roger Désormière.
Darmstadt (pour soprano, ténor, basse, chœur mixte (STB) et orchestre, édition Heugel 1959)
Josephine Nendick, Helmut Krebs, Heinz Rehfuss, chœur et orchestre de la radio de Hesse.
Berlin
Catherine Gayer, chœur et orchestre philarmonique de Berlin, direction : Pierre Boulez.
Enregistrement : troisième version (1958) : BBC Singers, BBC Symphony Orchestra London, direction : Pierre Boulez, 4 cds Erato 2292-45494-2 et 4509 98495-2ZV.
Genèse
La chronologie de l'œuvre le signale bien : la genèse du Soleil des Eaux, une des œuvres les plus importantes de son auteur, aura été spécialement difficile. Après les compositions achevées que sont la Sonatine, la Première Sonate, la Deuxième, et même Le Visage nuptial, qui trouva assez vite sa forme « définitive », Le Soleil des eaux engage, avec le contemporain Livre pour quatuor, le processus des versions multiples d'œuvres constamment remises sur l'établi, qui n'est pas si éloigné, déjà, de la conception du « Livre » mallarméen.
On distinguera ainsi les quatre moments de ce processus :
Les deux parties
Liés entre eux par une complicité cryptée (les six premiers sons de la série de La Sorgue sont les mêmes, transposés au demi-ton supérieur, que les six premiers sons de la série de la Complainte), les deux morceaux sont très dissemblables — et de cette différence, font acte de complémentarité.
La Complainte du lézard amoureux, où le chœur n'intervient pas, est une musique fluide, presque nonchalante, où des traces de sonorités « à la Messiaen » peuvent encore être perçues. Un dessin mélodique y prédomine, fait de quatre notes « en cascade », au sein d'une écriture très divisée, faite de petits motifs, parfois réduits à une note, tandis que la voix assure une continuité pouvant prendre l'apparence d'une arabesque chantée comme d'un martèlement piano et parlé (« tu n'es pas un caillou du ciel »).Des cadences pour voix solo interviennent entre des séquences plus concertées. L'ouvrage est sériel, et même multi-sériel, avec une organisation des rapports inter-séries très délibérée. L'ensemble, naturellement, d'une grande difficulté d'intonation et de rythme, autant pour le soliste que pour l'orchestre.
À cette première partie essentiellement rubato et comme « paresseuse », s'oppose la seconde, très âpre, presque rigide, verticale, harmonique. La Sorgue est une rivière du Vaucluse, en voie de pollution par l'installation sur ses rives d'une usine ; I'existence et les ressources des pêcheurs sont menacées. lls s'organisent dans une lutte au cours de laquelle ils seront provisoirement battus — la lutte révélant cependant ceux d'entre eux qui pourront la continuer.
Si « l'argument » semble surtout écologique en 1981, on peut penser qu'il représentait plutôt une parabole symbolique de la Résistance face à l'envahisseur (allemand). Mais ni l'écologie ni la politique ne semblent déterminants pour le compositeur, davantage attaché à traduire le rapport dynamique pouvant exister entre les deux pièces. Dans La Sorgue, le chœur connaît toute une organisation dans le temps qui conduit la pièce : d'abord les sopranos bouche fermée, puis les voix d'hommes parlé, en hauteur approximatives, qui se définissent peu à peu, puis l'écriture à 4 parties, dont certaines chantées, d'autres parlées, et enfin le chant à quatre parties.
La soprano solo n'entre que tardivement (« Il n'est de vent qui ne fléchisse... »). La pièce se poursuit ensuite dans une grande énergie, et même violence de climat. Elle culmine par quatre grands blocs de sons successifs, fortissimo et tutti, avant de s'évanouir progressivement mais assez rapidement. La désarticulation des phrases, la distension des mots, le travail sur ceux-ci, préfigurent le traitement vocal des Improvisations de Pli selon Pli. Mais Boulez a ici pleinement pris en compte l'aspect « psalmodiant » du texte (« Rivière... »).
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