Midtown (1994)

for two trumpets and ensemble

by Philippe Fénelon (1952)

general information

composition date
1994
duration
21min 30s
publisher
Amphion
Opus
66
Commission
Ensemble intercontemporain

type

Concertant music (2 brass instruments and ensemble/orchestra)

detailed formation

Soloist
2 trumpets

2 flutes, 2 oboes, 2 clarinets, 2 bassoons, 2 horns, trombone, tuba, 3 percussionists, 2 pianos (also 2 organs)

information about the creation

date
November 3, 1994

France, Paris, Auditorium des Halles

interpreters

Antoine CurĂ©, Jean-Jacques Gaudon : trompettes, Ensemble intercontemporain, direction : David Robertson.

Program note

La musique de Philippe Fénelon s'est développée en marge des deux courants dominants et antinomiques de la musique française : celui de la musique postsérielle, et celui de la musique spectrale. Ses œuvres sont restées attachées à l'idée de discours musical, et elles ont exclu aussi bien les déterminations structurelles précompositionnelles que les investigations dans le domaine du timbre ou un déploiement de la forme purement processuel. C'est donc naturellement que Philippe Fénelon s'est posé le problème de la dramaturgie musicale, ce qui l'a mené d'ailleurs à écrire plusieurs opéras. Dans Midtown, ce souci dramaturgique joue un rôle intégratif : les différents aspects stylistiques de l'œuvre ne doivent pas être appréhendés pour eux-mêmes, ou en fonction d'un concept d'homogénéité, mais comme une caractérisation expressive et formelle, une mise en perspective de différents moments du discours musical. C'est ainsi qu'apparaissent non seulement des références tonales, des enchaînements de quintes ou d'octaves, mais aussi la citation explicite d'un motet de Palestrina. L'œuvre n'a pourtant rien d'un manifeste postmoderne ; ces éléments historiques, qui appartiennent à la mémoire, sont finement articulés à une invention singulière, et ils sont toujours soigneusement intégrés dans le tissu compositionnel (ainsi, la citation de Palestrina est-elle préparée par un grand unisson sur la note do). Au demeurant, selon les termes mêmes de l'auteur, les intervalles de quintes introduits dans une écriture atonale constituent « une véritable dissonance ». Fénelon intègre l'historicité du matériau modal ou tonal, quitte à en renverser la signification.

L'idĂ©e mĂŞme d'une forme concertante, avec la disposition symĂ©trique des deux trompettes et des deux pianos, provient du mĂŞme souci dramaturgique. Les dialogues, les confrontations, les Ă©chos, et jusqu'Ă  la convergence finale, dĂ©finissent des gestes instrumentaux, des liens Ă  distance, et un cheminement de la forme assez ludique. L'Ĺ“uvre se dĂ©roule comme une succession continue de scènes diffĂ©renciĂ©es, oĂą Ă©mergent parfois des Ă©lĂ©ments Ă  forte connotation : une figure de caractère thĂ©matique, faite d'une suite de notes descendantes et reprise de façon variĂ©e, une allusion au jazz Ă  travers un rythme et la sonoritĂ© de la cymbale charleston, ou la violence d'une musique qui laisse percer le souvenir des Soldats de Zimmermann. Mais la narrativitĂ© de surface, avec ses pĂ©ripĂ©ties, s'accompagne d'une grande densitĂ© d'Ă©criture, d'une libre superposition de voix incandescentes, d'un fourmillement d'idĂ©es qui tĂ©moigne d'une effervescence crĂ©atrice spontanĂ©e. Elle tend, Ă  la fin, Ă  une rĂ©duction de la texture et de l'Ă©criture – elle avait Ă©tĂ© annoncĂ©e dans le prologue « presque lent Â» : ainsi, après des Ă©pisodes « vif Â», « dansant Â», « souple et badin » puis « sauvage » et « risoluto », aux deux-tiers de l'Ĺ“uvre environ, le tempo se ralentit pour faire place Ă  une musique plus introvertie, oĂą des figures expressives, voire pathĂ©tiques, remplacent les phrases jubilatoires entendues auparavant. S'impose alors une Ă©criture de choral dĂ©pouillĂ©e, oĂą le timbre rauque des trompettes dans l'extrĂŞme-grave (un registre très rarement employĂ©) crĂ©e une sonoritĂ© tout Ă  fait Ă©trange. Le motet Ă  six voix de Palestrina, « Assumpta est Maria », s'introduit naturellement et significativement dans cette atmosphère de plus en plus recueillie ; c'est une lointaine rĂ©miniscence musicale, mais c'est aussi une rĂ©fĂ©rence extramusicale possible Ă  la cathĂ©drale St-Patrick, qui se situe au cĹ“ur de Midtown. Le titre de l'Ĺ“uvre renvoie en effet Ă  ce quartier de New York oĂą le compositeur a vĂ©cu, et oĂą, depuis les Ă©tages supĂ©rieurs, il pouvait apprĂ©hender l'immobilitĂ© flottante et l'Ă©quilibre magique des architectures modernes ou nĂ©oclassiques, source d'inspiration revendiquĂ©e, mais transfigurĂ©e par la musique.



Philippe Albèra, programme du concert de l'Ensemble Intercontemporain du 18 janvier 1997, Cité de la musique.

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