Pièce composée dans le cadre d’un doctorat de composition.

J’ai toujours été fascinée par les mobiles du sculpteur Alexander Calder. Cette manière de les assembler, à partir d’éléments séparés d’une grande délicatesse, fermement liés les uns aux autres, mais de sorte qu’ils puissent se mettre en mouvement à la moindre brise. Ainsi suspendus dans l’air, ils tournent lentement et silencieusement, révélant de nouvelles formes au gré de leurs mouvements. Dans le même temps, leurs ombres changent de manière quasi organique, créant d’infinies variations sur les surfaces environnantes. La pièce pour ensemble de chambre Mobiles s’inspire de cette idée de flottement sans effort, de variation infinie et de glissement du point de vue du travail de Calder. Parfois, la pièce semble être suspendue délicatement dans les airs, d’autres fois elle s’affirme comme si elle s’enracinait dans la terre. Le premier mouvement, « Timbre », avec ses douces iridescences texturales, se métamorphose abruptement en une section faite de solos instrumentaux expressifs, intitulée « Movement ». La musique y est dense d’attaques et de sons. Changeant graduellement par omission des fondamentales, la texture se mue en un tissu délicat de cliquetis et de murmures. Dans le troisième mouvement, « Whisperings », les différentes sections de l’ensemble semblent converser les unes avec les autres. Pour ce mouvement, grâce à un logiciel d’aide à l’orchestration, j’ai utilisé un échantillon de chuchotement comme modèle timbral pour les arrangements de l’ensemble. À partir de ces fragments, j’ai bâti une texture dense mais délicatement asymétrique, pour tenter de faire chuchoter l’ensemble.
En méditation, le chakra de la gorge est décrit comme faisant le lien entre deux mondes – l’individuel et l’universel. En son, on le représente souvent à l’aide d’un bol chantant accordé en sol, note qui est devenue le pôle, en termes de hauteurs, de la pièce : c’est pour ainsi dire la tige de mes Mobiles. Au cœur de la pièce, dans le quatrième mouvement « Calm », la musique reste immobile, comme si elle flottait dans les airs. Deux bols chantants de cristal, accordés légèrement différemment autour du sol, forment une surface fluctuante envoûtante sur laquelle flottent les autres sons instrumentaux. Tournant lentement et formant différentes formes dans l’air, la pièce reprend ensuite progressivement sa forme originelle.