- Informations générales
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Date de composition :
2006
- Durée : 1 h 45 mn
- Éditeur : Lemoine
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Livret (détail, auteur) :
Martin Kaltenecker, Philippe Beck, Gérard Pesson, avec la collaboration d’Hervé Péjaudier, d’après L’Astrée d’Honoré d’Urfé (1607-1627)
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Date de composition :
2006
- Genre
- Musique vocale et instrument(s) [3 voix solistes ou plus, chœur(s) et orchestre]
- solistes : 11 voix non spécifiées, 8 danseurs [à 12] , 1 acrobate
- chœur mixte à 24 voix
- 1 autre type de soliste non-musicien [bruiteur] , 3 flûtes (aussi 1 flûte piccolo, 1 flûte à bec), 1 cor anglais, 2 clarinettes (aussi 1 clarinette basse), 2 bassons, 1 contrebasson, 2 cors, 2 trompettes, 1 trombone, 1 tuba, 4 percussionnistes, 1 harpe, 1 guitare, 1 cornemuses et musettes, 4 violons, 4 violons II, 4 altos, 4 violoncelles, 2 contrebasses
Information sur la création
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Date :
14 mai 2006
Lieu :Allemagne, Stuttgart
Interprètes :le Staatsorchester de Stuttgart, direction : Kwamé Ryan, mise en scène : Paul Curran.
Note de programme
Paître côte à côte n'est pas vivre ensemble (Aristote)
Le livret de Pastorale est tiré du roman L'Astrée d'Honoré d'Urfé (1567-1625), roman-fleuve qui conte les amours retardées, sinon impossibles, du berger Céladon et de la bergère Astrée en pays du Forez dans la Gaule du IVe siècle. C'est une épopée galante, initiatique, et un traité d'amour à la fois constitué d'une multitude de récits et d'épisodes imbriqués qui allait avoir un retentissement considérable et devenir un atlas des moeurs du temps.
Or ce roman est un immense jeu de rôles où les protagonistes, d'emblée, sortent de leur condition pour en épouser une autre qui leur permette, à travers des obstacles, de changer, croient-ils, le réel.
Pour autant que l'opéra doive être violemment contemporain et nous parler, par des codes et des conventions, de ce que nous traversons à l'instant, Pastorale évoque, à travers le vivre-ensemble, la fuite du réel telle que le besoin d'auto-fiction narrative la dit dans les jeux de rôles d'aujourd'hui, les trainings de développement personnel, les jeux vidéos ou les expériences de « loft » ou « d'Ile de la tentation » qui font du rêve d'autarcie une sorte de fantasme de réenchantement du monde.
La musique, à travers la fragmentation formelle et narrative, l'usage des stéréotypes, la dépression du signe ou la figure vide (ce que l'artiste Pierre Huyghe appelle le déni de contenu), est au centre de cette dramaturgie où le simulacre est confronté à sa contre-épreuve grinçante.
Les candidats à cet embarquement pour Cythère suivent un parcours d'épreuves sous la direction de deux organisateurs et d'une masse d'assistants (le choeur et les danseurs) qui les épaulent, mais les épient et les moquent tout à la fois. Les candidats sont figures de l'idylle, comme des sujets de plâtre - les assistants sont le réel, têtu et duplice. Le sujet du training est l'amour comme reconquête de soi.
A ce que d'Urfé dit des bergers en remarquant qu'ils transforment abusivement l'amour en tyrannie répond ce qu'Alain Badiou, dit de notre société : nous sommes soumis à l'impératif de jouir . Le couple Astrée/Céladon montre toutefois que le malentendu est central, persistant et que les prodiges mis en œuvre, comme des attractions de foire, condamnent les candidats à un dégrisement ambigu.
C'est par une exclamation d'aise ou de déconvenue qu'Astrée clôt l'opéra par le Ah ! — dernier mot de l'Amphitryon de Kleist.
Gérard Pesson.
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