Anestis Logothetis est né à Pyrgos (actuellement Burgas, en Bulgarie), au bord de la Mer noire. En 1934, alors qu’il a 13 ans, le coup d’État de l’organisation Zveno, entraînant des mesures répressives contre les populations grecques, pousse ses parents à émigrer à Thessalonique. Il poursuit là ses études dans un lycée humaniste allemand. En 1942, il déménage à Vienne où il fait des études de génie civil à l’Université technique.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, de 1945 à 1952, Anestis Logothetis change de parcours et entame des études à l’Académie de musique et des arts du spectacle de Vienne. Il se forme avec Hermann Schwertmann (piano), Hans Swarowsky (direction d'orchestre), Alfred Uhl (composition) et Erwin Ratz (théorie musicale). L’année où il termine ses études, il obtient la nationalité autrichienne et épouse la pianiste Maria Stahlich.

Entre 1955 et 1965, Anestis Logothetis participe à plusieurs reprises aux Cours d'été de Darmstadt, où il rencontre notamment John Cage, Earle Brown et Bruno Maderna. En 1956 et 1958-1959, des bourses du gouvernement italien lui permettent de suivre des conférences en composition à Rome. En 1957, il travaille au Studio de musique électronique de la WDR à Cologne avec Gottfried-Michael Koenig. Cette expérience l’incite à s'intéresser aux phénomènes sonores électroacoustiques et à leurs microstructures. La pièce qui résulte de ce passage, Fantasmata, est la première œuvre de musique électroacoustique autrichienne.

Entre 1955 et 1968, Anestis Logothetis est employé comme éditeur de partitions par différentes maisons, dont Universal Edition, Edition modern et Edition Gerig. À cette même période, à partir de 1952 et jusqu’à 1958, il obtient plusieurs bourses, notamment de l’État autrichien, qui lui permettent d’explorer ses idées expérimentales en matière de composition. Inspiré par les travaux d’Oskar Rainer et de Vassily Kandinsky, il développe son propre système de notation graphique, dont il se servira pour toutes les pièces composées par la suite. Plusieurs de celles-ci sont créées par l’ensemble die reihe sous la direction de Friedrich Cerha. Son intérêt porte tout particulièrement sur ce qu’il est le premier à appeler le « polymorphisme » de ces pièces : plusieurs chemins peuvent être empruntés par l’instrumentiste pour les interpréter. Chaque reprise de l’œuvre crée alors un « certain degré de surprise » en fonction de la personnalité de l’interprète qui en a la charge. En 1974, il publie à ce sujet un essai intitulé Zeichen als Aggregatzustände der Musik (« Les signes comme états d'agrégation de la musique »). Ses partitions graphiques feront plus tard l’objet de plusieurs expositions en Autriche, aux États-Unis, en Grèce, au Japon, en Corée et en Inde.

Poussé par une réflexion visant à abolir la hiérarchie entre compositeur, interprète et public qu’il mène via ses recherches graphiques, Anestis Logothetis est également proche de l’actionnisme viennois. Il participe, en particulier, à trois reprises à des actions du co-fondateur du mouvement, Herrmann Nitsch.

En 1981, il est invité au Studio de musique électronique de Stockholm (EMS) où il écrit sa première composition assistée par ordinateur, Wellenformen 1981. Outre ses nombreuses œuvres pour instruments et voix, le compositeur a également écrit plusieurs opéras et pièces pour la radio (Hörspiele) avec différentes antennes (SR, WDR, NDR, ORF).

Prix et récompenses

• Prix Floriana pour Mantratellurium, 1993 ;
• Prix honorifique des ministères fédéraux autrichiens de l'éducation, des arts et des sports, 1989 ;
• Médaille d’or de la ville de Vienne, 1986 ;
• Prix de la ville de Vienne, 1985 ;
• 1er prix de l’Institut technologique d’Athènes, ex æquo avec Iannis Xenakis, 1962 ;
• Prix d'encouragement Theodor Körner pour son travail sur le développement de la notation, 1960, 1963.