2 pianos, 2 percussionnistes
Yarn/Wire.
Conçue pour être diffusée dans l’émission *Création Mondiale *sur France Musique, *Cinq regards sur 2024 *se compose de cinq mouvements de deux minutes, traitant chacun d’un aspect de ma vie cette année-là : la crise climatique, la guerre, l’impact des technologies sur notre société hyperconnectée (et notamment l’épidémie paradoxale de solitude auto-imposée qu’elles provoquent), puis, dans un mouvement réflexif, moi-même
au travail, et ma famille, enfin.
Le matériau sonore de chacun des mouvements est créé à partir d’échantillons sonores extraits pour la plupart de vidéos d’information (dans les quatre langues que je parle couramment : français, anglais, espagnol et finnois) et d’archives personnelles, selon le thème. Ainsi le premier mouvement est-il élaboré à partir d’émissions d’information sur des incendies, inondations et autres catastrophes environnementales. Faisant
écho au flot d’actualités auquel nous sommes inlassablement surexposés, cette masse sonore très dense laisse passagèrement surnager des témoignages de victimes.
La construction du deuxième mouvement suit une trajectoire similaire – le témoignage étant cette fois-ci une conversation téléphonique entre un frère et une sœur rendus orphelins et éloignés par la guerre à Gaza. Le troisième
mouvement est une cacophonie de sons de notifications qui laisse un instant place à une esquisse de résonance instrumentale, dans une métaphore d’un espace mental fugacement libéré du capitalisme de l’attention.
Ce mouvement central fait office de transition avec les deux derniers, beaucoup plus intimes. Le quatrième opère ainsi un retour sur la musique qui a habité ma vie en 2024 : œuvres travaillées, œuvres composées, œuvres entendues, aussi, qui forment comme un énorme nuage sonore dans lequel nous nous immergeons et nageons apparemment sans
but. Le dernier mouvement est élaboré à partir de vidéos familiales – les voix insouciantes de mes enfants faisant écho à celles, bien plus douloureuses, des enfants de Gaza –, et d’extraits d’une chanson de Bantastic Fand, le groupe de mon oncle Nacho Para, qui nous a brutalement quitté en décembre 2024.
La composition de cette pièce a été pour moi l’occasion de me plonger dans l’écriture microtonale, explorant notamment en profondeur les possibilités expressives du système de 24 EDO – qui signifie « Equal
Divisions of an Octave », soit les divisions égales d’une octave, ici donc en 24 intervalles. J’ai eu également la chance de créer la partie électronique dans les studios de l’Ircam avec le réalisateur en informatique musicale
Rémi Le Taillandier, dont la collaboration extrêmement créative, imaginative et techniquement excellente, a été essentielle et d’autant plus intéressante que mes recherches doctorales portent actuellement sur la manière dont une collaboration affecte le processus créatif…
Cette fiche œuvre a valeur encyclopédique, elle ne reflète pas les collections de la médiathèque de l'Ircam. Veuillez vous référer aux fiches "partitions".
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