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La construction de la catégorie clinique d’« idiotie » dans la médecine aliéniste du xixe siècle implique de rendre compte d’un fait d’observation qui devient vite un fait divers scientifique : la paradoxale oreille musicale des idiots. En effet, si dans l’idiotie, « les facultés intellectuelles et morales sont presque nulles » (Esquirol, Des maladies mentales considérées sous les rapports médical, hygiénique et médico- légal), comment expliquer que « par exception, on trouve chez certains idiots quelque faculté développée et une aptitude naturelle pour certains talents » (ibid.) – et parmi ceux-ci, la musique en particulier, dont la pratique et l’écoute semblent requérir mémorisation, créativité, aussi bien qu’attention et émotion esthétiques ?
Une étude de cas permet alors de montrer que la sensibilité des idiots à la musique a été utilisée comme un argument clinique en faveur d’une position métaphysique et morale (les idiots ne sont pas des bêtes, et peuvent être sensibles) ; mais aussi comme argument au sein d’une controverse médicale. Nous nous pencherons sur les jugements de François Leuret et Jean-Étienne Esquirol au sujet de Quéneau, une patiente de la Salpêtrière dont l’étonnante disposition pour la musique a donné lieu, en 1835, à une expérience-concert impliquant Franz Liszt.
La méthode pour analyser les interprétations qu’en font les médecins consiste d’un côté à expliquer leur surprise à partir d’un horizon d’attente contrastant, le cas précédent de Victor de l’Aveyron. D’un autre, il s’agit d’examiner la valeur que prend le cas Quéneau une fois réinvesti dans la controverse sur la phrénologie, ou toute tentative de localisation de l’« organe de la musique » – sa tête seule, que Leuret voudrait faire mouler, « donnant un démenti perpétuel à la doctrine de Gall » (« Observation d’un cas de sentiment musical très développé chez une idiote »). La discussion évoquera enfin la postérité de cette interrogation dans les talents associés à l’autisme ou au syndrome de Williams, que commente notamment Oliver Sacks dans Musicophilia.
Entre histoire de la musique, histoire de la médecine et philosophie des sciences dans le monde occidental, ce colloque international se propose d’interroger les conditions et les méthodes de leur dialogue à l’âge moderne, du XVIIIe siècle à nos jours : études de cas, pathographies d’artistes, maladies et représentations du malade à l’opéra, spécialités médicales, psychiatriques, cardiologiques ou pneumologiques, à l’aune de l’œuvre… Comment comprendre la place accordée à la musique et au musicien dans les écrits médicaux, qu’ils relèvent de l’anatomie, de la physiologie ou de la thérapie ? Que retenir de l’intérêt des artistes eux-mêmes pour les sciences médicales ? Prises au sérieux et non réduites au rang de curiosités, ces questions ouvrent un vaste champ d’études, celui du corps du musicien, créateur aussi de symptômes.
Comité scientifique :
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